ERABLE

ERABLE est l’acronyme d’un projet de création d’une exploitation agricole qui est caractérisée par deux principes fondateurs : le premier principe concerne le contexte de développement de l’activité agricole. En effet, ce projet d’exploitation s’inscrit dans un contexte duale d’innovation technologique et de développement durable. Le second principe concerne les exploitants de cette structure agricole, puisque l’activité de production et de gestion s’exerce au titre d’une activité secondaire et non comme une activité principale.

1 - Genèse du projet ERABLE

1.1 - Une tendance sociétale profonde

Depuis plusieurs décennies, la France connaît un phénomène de baisse du nombre d’agriculteurs. Entre 1982 et 2019, la part des agriculteurs dans l’emploi français a diminué de près de 5,6 % selon l’INSEE. Ainsi, la population agricole est passée de 1,6 million en 1982 à environ 400 000 en 2019 ¹

Ce phénomène semble un processus inexorable, dont les causes sont, de toute évidence, multiples. Sans chercher à identifier ou à expliquer l’ensemble de ces causes, on peut considérer que l’évolution du mode de vie de nos sociétés modernes devient de plus antagoniste avec les contraintes d’une exploitation agricole. Comme de nombreuses familles, les familles d’exploitants souhaitent avoir des revenus décents, disposer de leur week-end, partir en vacances, etc.. Force est de reconnaître que ces attentes ne correspondent pas à la réalité de ce que vivent beaucoup de jeunes agriculteurs ou agricultrices.

Dans le même temps, un phénomène de “retour à la nature” apparaît chez une population urbaine qui cherche à améliorer son cadre de vie en s’éloignant des métropoles. Même si ce phénomène n’est pas du même ampleur que la baisse du nombre d’agriculteurs, il est bien réel et s’est probablement amplifié suite au confinement lié au COVID.

La question se pose alors de savoir si, dans le contexte de ces populations qui se “croisent”, il peut y avoir un point de rencontre? C’est une des questions que nous posons au travers cette expérience d’exploitation agricole.

1.2 - Démarche personnelle et fondement du projet

Le choix de commencer une activité secondaire dans une exploitation agricole, bien qu’étant salarié de la fonction publique, est à la fois un choix personnel et un choix familial. Il implique une réflexion profonde sur nos aspirations et surtout sur les principes fondateurs d’un tel investissement. Ces principes ont été abordés en introduction et seront développés de façon plus précises par la suite.

1.2.1 Notion de développement durable

La question de développement durable est une question à la fois sociétale simple mais dont les réponses sont bien plus complexes que le simple fait de produire BIO. Cette question dépasse d’ailleurs très largement le contexte agricole. L’expression «développement durable» a été utilisé dans les années 1980, dans la suite du rapport Brundtland et des sommets de Rio (1992) et de Johannesburg. Ces conférences officialisent la notion de développement durable basée sur trois piliers (voir figure suivante):

• économie,
• écologie,
• social.

En résumé, le développement durable est un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.

Sur les questions spécifiques à l’agriculture, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit une agriculture durable comme l’agrégation de quatre éléments structurants:

• un système de production viable au plan économique en son état actuel,
• la préservation et la valorisation des ressources naturelles de base de l’exploitation agricole,
• la préservation ou la valorisation d’autres écosystèmes affectés par les activités agricoles,
• la création d’un cadre naturel agréable et de qualités esthétiques.

L’agriculture durable est donc une agriculture qui ménage son environnement et ses capacités de production à long terme en préservant les moyens de production (sol, eau, etc.). Elle doit également prendre en considération divers aspects éthiques.

En définitive, une agriculture durable serait donc, dans l’idéal:

• respectueuse de l’environnement, en préservant les ressources, en maintenant le potentiel de production pour les générations futures et en ne détruisant pas les autres espèces,
• rentable pour les agriculteurs et praticable à long terme,
• assurant la suffisance et la qualité de l’alimentation à toutes les populations,
• équitable au niveau social et humain, entre les différents pays et dans chaque pays,
• socialement acceptable.

1.2.2 L’usage des technologies numériques

Dans l’industrie, la place de la technologie est un élément essentiel pour la mise en oeuvre de produit dit “Green”. Cette vision n’est pas partagée majoritairement lorsque l’on aborde la question de l’agriculture durable ². Pourtant, comme le rappelle V. Bellon-Maurel et I. Piot-Lepetit ³:

• le numérique accélère la transition agro-écologique… Il ouvre des opportunités dans trois dimensions:
• l’amélioration de la production,
• l’inclusion dans les chaînes de valeur,
• le partage des connaissances.

Dans ce projet, nous accorderons une place centrale à la technologie en considérant que celle-ci est un puissant levier pour passer d’une agriculture traditionnelle à une agriculture durable. Nous développerons par la suite trois axes technologiques:

• la mesure et la surveillance,
• l’asservissement et l’automatisation,
• la simulation et l’intelligence artificielle.

1.2.3 Notion d’activité secondaire

La notion d’activité secondaire est structurante bien qu’elle soit posée au départ comme une contrainte. En effet, l’activité accessoire peut être perçue, non comme une contrainte mais comme un élément positif fédérateur, soit pour permettre à des agriculteurs de développer une autre activité, soit pour permettre à des salariés de développer une activité agricole.

2 - Objectifs et finalités du projet

Le principal objectif du projet ERABLE est donc la création d’une exploitation agricole dont les exploitants sont déjà en activité avec une activité salariale principale, et souhaitant réaliser une activité secondaire de production de fruits et légumes.

2.1 - Etudes préliminaires et organisation du projet

Par rapport à l’objectif principal, plusieurs points seront abordés par la suite:

1. les aspects juridiques concerant le cadre réglementaire pour un exploitant agricole,
2. l’état actuel de la production maraîchère en France,
3. les aspects technologiques concernant le contexte d’innovation pour une exploitation semi-autonome.

2.2 - Les sous-projets

Comme nous l’avons précisé dans la section 1.2.2, la technologie est au coeur de ce projet qui reste très expérimental. Dans ce cadre, les exigences pour une automatisation de l’activité nous ont conduit à caractériser des sous-projets d’équipements qui seront détaillés par ailleurs:

• le projet SAPIN ( Systeme Autonome d’assistance d’un Potager ambIantal et Naturel)

• le projet SAULE ( Systeme Autonome de sUrveillance et de controLE )

• le projet ROSEAU ( RObot de SErvice Autome à Usage mutiples)